Des prédications avec Chat-GPT ? La digitalisation vue et vécue par une pasteure

Que signifie la digitalisation pour vous en tant que pasteure ? 

La digitalisation est une réunion virtuelle du monde qui me fascine et m'inquiète en même temps. Les nouvelles possibilités me fascinent - je peux par exemple prendre part aux discussions théologiques de mes collègues issus d'autres cantons. Ce n'aurait pas été aussi simple auparavant. Ce qui m'inquiète quelque peu, c’est la masse presque infinie de données enregistrées. Cela signifie pour moi une perte de la vue d'ensemble.  

De quelle manière la digitalisation a-t-elle modifié votre travail ?  

Il y a peu de temps, j'ai tenté une expérience et j'ai laissé Chat-GPT écrire mes prédications. Au début, j'étais très enthousiaste. En un temps record, j'avais devant moi une prédication qui n'était pas mal du tout et qui ressemblait beaucoup à une prédication. Mais je ne voulais pas prêcher de la manière un peu moralisatrice qui m'était proposée. J'ai donc essayé d'apprendre mon propre style de prédication à Chat-GPT. 

Y êtes-vous parvenue ? 

J'ai failli abandonner. Finalement j'ai commencé à alimenter Chat-GPT avec certaines de mes prédications comme modèles. Cela a apparemment beaucoup plus à l'IA : Chat-GPT m'a même fait des compliments sur mes prédications. J'étais stupéfaite. La critique était bien fondée. J'avais presque l'impression de communiquer avec une vraie personne. Même si je savais qu'il s'agissait d'une machine, cela m'a presque fait de la peine de n'être jamais satisfaite des résultats de Chat-GPT et de toujours continuer à creuser.

Vous en êtes restée au stade de l'expérience ou vous allez continuer à utiliser l'IA ? 

Pour les prédications, je ne pense pas. J'ai constaté qu'une prédication doit mûrir. Les idées et pensées ne me viennent que lorsque je me mets à écrire. Chat-GPT ne peut pas le faire à ma place. Mais pour avoir de nouvelles idées, pourquoi pas ?  

Dans quels autres domaines avez-vous recours à la digitalisation ? 

Depuis la crise sanitaire du Covid, chaque messe est diffusée en direct. Nous étions une des premières paroisses à avoir utilisé cet instrument à l'époque et nous avons investi dans une installation de haute qualité. Entre-temps, la diffusion s'est établie et nous conservons le streaming en direct même si la pandémie est terminée. Il n'y a pas si longtemps, j'ai dirigé une messe avec environ 300 personnes, y compris un grand chœur de gospel. Lorsqu'on est sur place, on sent une énorme force que l'on ne ressent pas lors d'une retransmission en direct. Autrement, j'ai fait la découverte des podcasts. Avec le podcast "Sternenglanz", je touche un public bien plus large que lors d'une messe. 

Quelles sont les aptitudes qui seront à l'avenir importantes en raison de la digitalisation ? 

Il faut retrouver cette capacité de vivre pleinement les échanges humains dans le monde réel. Je pense que cela deviendra de plus en plus un besoin, tout comme le fait de réaliser que la Détox numérique est importante. L'Église a certainement un rôle à jouer par son approche du silence et du recueillement.  

Est-ce que la digitalisation est une sollicitation collective trop importante ou bien une chance pour tous ? 

Il s'agit pour moi d'une sollicitation collective trop importante, qui a tout de même ses bons côtés. J'essaie de voir la chance de pouvoir travailler avec tous ces outils et de ne pas perdre la réalité de vue. Et pourtant ce développement ultrarapide me fait du souci. Nous sommes des êtres capables d'apprendre, mais nous aurions besoin de plus de temps pour apprendre les choses en bonne et due forme.